Succession : Quelle valeur pour les meubles meublants ? Inventaire ou forfait mobilier à 5% ? Quel tarif ?

26 novembre 2025

La question de l'évaluation des biens mobiliers lors d'une succession se pose systématiquement après le décès d'un proche. Entre l'inventaire détaillé réalisé par un professionnel et le forfait mobilier de 5%, les héritiers doivent faire un choix stratégique qui aura un impact direct sur les droits de succession à régler. Cette décision nécessite une analyse approfondie de la composition du patrimoine du défunt et des spécificités de chaque situation successorale.

Comprendre la notion de meubles meublants dans une succession

Définition légale des meubles meublants

L'article 534 du Code civil établit une définition précise des meubles meublants, qui constituent une catégorie spécifique de biens mobiliers dans le cadre des successions. Ces meubles correspondent à l'ensemble des biens destinés à l'usage et à l'ornement des appartements. Concrètement, il s'agit des éléments qui garnissent l'habitation du défunt au quotidien. On retrouve dans cette catégorie les tapisseries, les lits, les sièges, les tables, les miroirs, les tapis et tous les meubles qui permettent d'aménager et de décorer un logement. Les tableaux et statues qui font partie intégrante du mobilier d'un appartement sont également considérés comme des meubles meublants, à condition qu'ils ne constituent pas une collection exposée dans des galeries ou pièces spécialement aménagées à cet effet. Cette distinction est importante car elle détermine le mode d'évaluation applicable. La qualification de meuble meublant permet de recourir au forfait de 5% ou à un inventaire simplifié, tandis que les objets sortant de cette catégorie nécessitent une évaluation plus précise.

Ce qui est exclu de la catégorie des meubles meublants

Tous les biens mobiliers ne relèvent pas de la catégorie des meubles meublants, et cette distinction a des conséquences importantes sur leur mode d'évaluation fiscale. Les bijoux, pierreries, objets d'art et objets de collection sont spécifiquement exclus de cette qualification. Ces biens particuliers font l'objet d'un régime d'évaluation distinct qui prend notamment en compte les contrats d'assurance contre le vol ou l'incendie en cours au jour du décès et conclus moins de dix ans avant l'ouverture de la succession. Les lingots d'or et pièces d'or sont également exclus et doivent être estimés selon le cours du marché libre ou celui de la Banque de France. Les valeurs mobilières, les placements financiers, les contrats d'assurance-vie et les biens immobiliers constituent autant d'éléments patrimoniaux qui sortent du champ des meubles meublants et nécessitent une déclaration spécifique. Cette séparation entre différentes catégories de biens répond à une logique d'équité fiscale, car les objets de valeur, les collections et les placements représentent généralement des montants bien supérieurs au mobilier courant et nécessitent donc une évaluation plus rigoureuse.

Le forfait mobilier de 5% : une solution rapide mais pas toujours avantageuse

Comment fonctionne le forfait de 5% sur l'actif successoral

Le forfait mobilier constitue une méthode d'évaluation simplifiée prévue par l'article 764 du Code général des impôts. Ce dispositif permet d'estimer la valeur des biens mobiliers à hauteur de 5% de la valeur totale du patrimoine du défunt. Cette proportion s'applique sur l'ensemble des valeurs mobilières et immobilières imposables en France, avant déduction du passif. Concrètement, si le patrimoine global du défunt est estimé à 400 000 euros, le forfait mobilier sera automatiquement fixé à 20 000 euros. Cette méthode présente l'avantage indéniable de la simplicité puisqu'elle dispense les héritiers de procéder à un inventaire détaillé de l'ensemble des meubles meublants. Elle évite également les coûts liés à l'intervention d'un commissaire-priseur ou d'un huissier. Le forfait de 5% s'applique par défaut lorsque les héritiers n'ont pas fait établir d'inventaire conforme dans les délais légaux ou lorsqu'aucune vente publique n'a été organisée dans les deux ans suivant le décès. Il convient toutefois de noter que l'administration fiscale admet la preuve contraire, permettant aux héritiers de démontrer par des actes, écrits ou présomptions que la valeur réelle des meubles meublants est inférieure à ce forfait.

Dans quelles situations le forfait est-il intéressant pour les héritiers

L'option du forfait de 5% peut s'avérer pertinente dans plusieurs configurations successorales. Elle présente un intérêt certain lorsque la valeur réelle des meubles meublants est proche ou supérieure au montant calculé selon le forfait. Si le mobilier du défunt était de qualité, récent ou particulièrement fourni, le forfait peut constituer une solution avantageuse en évitant une évaluation détaillée qui révélerait une valeur supérieure. Cette option convient également aux successions où le patrimoine immobilier et financier représente l'essentiel de l'actif, tandis que le mobilier a une valeur relativement faible. Dans ce cas, même si le forfait surestime légèrement la valeur des meubles, l'économie réalisée sur les frais d'inventaire peut compenser ce surcoût fiscal. Le forfait est aussi privilégié lorsque les héritiers sont d'accord entre eux et souhaitent accélérer le règlement de la succession sans engager de procédure d'inventaire qui peut s'avérer longue et coûteuse. Enfin, dans les situations où le mobilier a été dispersé rapidement après le décès, où certains biens ont disparu ou lorsqu'il devient difficile d'établir un inventaire précis, le recours au forfait permet de sécuriser la déclaration de succession en évitant les contestations ultérieures de l'administration fiscale.

L'inventaire par commissaire priseur : une évaluation précise du mobilier

Le déroulement et le coût d'un inventaire notarié

L'inventaire de succession constitue une alternative au forfait de 5% et permet d'établir une évaluation précise et détaillée de l'ensemble des biens mobiliers du défunt. Cette procédure peut être réalisée par un notaire, un huissier de justice ou un commissaire-priseur, selon la nature et la valeur des biens concernés. Pour être opposable à l'administration fiscale, cet inventaire doit impérativement respecter les formes prescrites par l'article 789 du Code civil et être effectué dans un délai de cinq ans suivant le décès. Le document établi comporte une description précise de chaque élément du mobilier avec son estimation individuelle, permettant ainsi d'obtenir une valorisation globale des meubles meublants. Cette démarche représente un coût pour les héritiers, avec notamment un tarif de 434 euros pour les inventaires réalisés par les notaires, montant qui inclut les honoraires professionnels et les droits fixes d'enregistrement. L'inventaire dresse un état exhaustif non seulement de l'actif mobilier mais également du passif de la succession, offrant ainsi une vision complète de la situation patrimoniale. Le professionnel intervenant procède à l'examen physique des biens, les décrit avec précision et attribue à chacun une valeur de marché. Cette rigueur méthodologique confère à l'inventaire une force probante importante face à l'administration fiscale et entre les héritiers eux-mêmes.

Quand privilégier l'inventaire plutôt que le forfait

Le recours à l'inventaire présente un intérêt majeur lorsque la valeur réelle des meubles meublants est manifestement inférieure au montant qui résulterait de l'application du forfait de 5%. Cette situation se rencontre fréquemment dans les successions où le patrimoine immobilier représente une part prépondérante tandis que le mobilier est modeste, usagé ou de faible valeur. Dans ce contexte, l'inventaire permet de réaliser une économie fiscale substantielle en évitant de payer des droits de succession sur une base surévaluée. L'inventaire devient également indispensable dans certaines configurations juridiques spécifiques. Il est ainsi obligatoire pour les successions acceptées à concurrence de l'actif net, qui permettent aux héritiers de limiter leur responsabilité au montant des biens reçus. La présence d'un héritier incapable, mineur ou majeur protégé, impose également le recours à un inventaire pour garantir la protection de ses intérêts. Lorsque des désaccords existent entre les héritiers sur la valeur des biens ou leur répartition, l'inventaire réalisé par un professionnel indépendant apporte une évaluation objective qui facilite le règlement de la succession. Enfin, si une vente publique des biens mobiliers est envisagée, l'inventaire préalable devient indispensable pour organiser cette vente dans les meilleures conditions et justifier les prix obtenus auprès de l'administration fiscale.

Faire le bon choix : éléments de décision et accompagnement professionnel

Critères pour comparer inventaire et forfait mobilier

La décision entre l'inventaire et le forfait mobilier nécessite une analyse comparative prenant en compte plusieurs paramètres essentiels. Le premier critère concerne la composition du patrimoine successoral et notamment le rapport entre la valeur du mobilier et celle des autres éléments d'actif. Un calcul simple permet d'estimer le point d'équilibre : si la valeur estimée des meubles meublants représente moins de 5% du patrimoine global, l'inventaire sera généralement plus avantageux financièrement. Le coût de l'inventaire doit être mis en balance avec l'économie potentielle sur les droits de succession. Par exemple, pour un patrimoine de 500 000 euros, le forfait impose la déclaration de 25 000 euros de mobilier. Si l'inventaire révèle une valeur de 8 000 euros, l'économie sur les droits de succession sera généralement supérieure au coût de l'inventaire, surtout pour des taux de taxation élevés. La nature des biens mobiliers constitue un autre élément déterminant : un mobilier ancien, des objets d'art, des bijoux ou des collections nécessitent une expertise professionnelle et ne peuvent être évalués par le forfait. À l'inverse, un mobilier courant et récent peut être estimé plus facilement. Le délai de règlement de la succession entre également en ligne de compte, l'inventaire nécessitant un temps de réalisation plus long que l'application du forfait.

Le rôle du notaire dans l'évaluation et la déclaration fiscale

Le notaire occupe une position centrale dans le processus d'évaluation des biens mobiliers lors d'une succession. Son expertise juridique et fiscale lui permet d'orienter les héritiers vers la solution la plus adaptée à leur situation particulière. Il commence par analyser la composition du patrimoine du défunt en identifiant précisément les différentes catégories de biens : meubles meublants, objets d'art, bijoux, valeurs mobilières et biens immobiliers. Cette classification est déterminante car chaque catégorie obéit à des règles d'évaluation spécifiques. Le notaire calcule ensuite le montant théorique du forfait de 5% et l'évalue au regard de la valeur estimée du mobilier pour conseiller les héritiers sur l'option la plus avantageuse. Lorsqu'un inventaire s'avère nécessaire, il peut le réaliser lui-même ou orienter les héritiers vers un commissaire-priseur ou un huissier selon la nature des biens concernés. Le notaire assure également la conformité de l'inventaire aux exigences légales pour garantir son opposabilité à l'administration fiscale. Dans le cadre de la déclaration de succession, il intègre les évaluations retenues dans le document fiscal et veille au respect des délais de dépôt. En cas de contrôle fiscal ultérieur, le notaire peut assister les héritiers en apportant les justificatifs nécessaires. Son accompagnement permet ainsi de sécuriser juridiquement et fiscalement le règlement de la succession tout en optimisant la transmission du patrimoine.

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